peinture XX siècle
LE NETTOYAGE DU PORTRAIT (1941) DU DANSEUR ETOILE
SERGE LIFAR
DE SERGE IVANOFF (1893 – 1983) peintre Russe
NETTOYAGE À L’AIDE DES SOLVENT-GELS / EMULSIONS
peinture XX siècle
LE NETTOYAGE DU PORTRAIT (1941) DU DANSEUR ETOILE
SERGE LIFAR
DE SERGE IVANOFF (1893 – 1983) peintre Russe
NETTOYAGE À L’AIDE DES SOLVENT-GELS / EMULSIONS
Après restauration
INTERVENTIONS DE CONSERVATION ET RESTAURATION
DIAGNOSTIC
Les propriétaires demandent une mise sous tension de la toile, ainsi qu'un décrassage et dégagement de vernis jauni. Puisqu'il s'agit du vernis d'origine je préfère en conserver une couche fine au contact avec la couche picturale.
L’état actuel du tableau et ses dégradations sont directement liés à plusieurs facteurs.
Suite à la qualité limitée des matériaux constitutifs (couleurs en tube bon marché) et suite au vieillissement, l'œuvre a été mené à une condition instable et fragile qui complique le nettoyage de la couche superficielle. Cette couche filmogène encrassée se montre réactive au solvant qui provoque une interaction avec le liant et départ de pigments. Les glacis de la peinture très diluée sont mous et redeviennent facilement solubles sous l'action d'un solvant en libérant ces pigments. (Surtout les pigments organiques, comme la couleur laque rouge carmin de l’écharpe sur l’épaule de Serge Lifar).
Les conditions environnementales du restaurant comme la fumée de cigares, suie de la cheminée et graisse de la cuisine auxquelles le tableau a été exposé pendant des années (pendant et après la réticulation lente des couches peintes). Cette situation a augmenté considérablement le taux d'encrassement, désormais incrusté dans la peinture même ; un assombrissement général des couleurs en résulte. Ensuite, l'humidité relative élevée, subie par le tableau pendant son stockage dans une cave de maison, a probablement accéléré le phénomène de dégradation par hydrolyse, ce qui a rendu les composés du liant plus sensibles à l'eau.
L'application d'un badigeon d’huile de lin au revers a encore ajouté une facteur de vieillissement.
L'information sur les composants de la peinture a été obtenue en exécutant des tests empiriques de sensibilité, en mesurant le pH et la conductivité électrique de la couche filmogène et ensuite en exécutant des tests de nettoyage à l'aide de solutions aqueuses et de macro et micro-émulsions (E / H, H / E).
Une connaissance exacte des composants de la peinture comme le liant, les pigments, les siccatifs, les savons métalliques et autres charges et impuretés demandent une analyse approfondie. La composition de la peinture n'a pas été vérifiée en laboratoire par manque de moyens financiers.
TESTS DE L’ALLÈGEMENT DU VERNIS D'ORIGINE
LOCALISATION DES TESTS
CONCLUSION :
Bien d'autres compositions de solutions aqueuses, macro ou micro-émulsions auraient été possibles pour l’allègement de vernis. J'ai choisi le système de nettoyage en fonction de mes tests empiriques. L'efficacité du produit de solubiliser le vernis d'une façon contrôlée et mes observations de la réaction de la couche picturale ont été déterminantes dans mon choix.
Le solvant-gel de test 8 (et solvant-gel 9 pour les couleurs fragiles) semblent avoir le plus d'affinité pour sensibiliser le vernis encrassé à enlever. Apparemment le vernis original n'a pas encore subi une oxydation avancée pour être solubilisé par un système de nettoyage aqueux, le vernis a un comportement plutôt apolaire. Une émulsion comme ce Solvant-gel, Carbopol / Ethomeen (base et tensio-actif) + petite quantité d'eau + 5 - 10 % alcool benzylique, dans un phase continue apolaire, se montre la plus adaptée pour solubiliser et disperser le vernis. Ce système solvant/tensio-actif optimise les avantages de la polarité modérée de l'alcool benzylique et de la polarité basse des solvants hydrocarbures. L'action est rapide et ne demande pas plus que 3 passages de bâtonnet de coton sur la couche peinte. Ensuite le solvant-gel est enlevé avec un coton sec et puis avec un coton-tige légèrement humidifié au Shelsol D40.
Note : d'emblée j'ai écarté les solvants siliconés par soucis d'écotoxicité. Ces solvants sont tout de même très intéressants pour l'usage sur certaines œuvres d'art très sensibles à l'eau et/ou au solvant, comme dans des cas spécifiques (peinture acrylique, vinylique) ou encore si les autres options sont exclues d'usage.
Allègement de vernis en conservant une couche mince du vernis d'origine
Titre
Portrait de Serge Lifar (1905 – 1986) dans le rôle de Prince Albert du ballet Giselle
Nature de l'oeuvre / matériaux constitutifs
Peinture à l'huile sur toile de lin, châssis à clefs en bois, assemblage tenon mortaise
Auteur
Serge Ivanoff (1893 - 1983)
Daté
1941
Signature
« Serge Ivanoff Paris 1941 » sur la peinture, vers le bas, angle senestre
Dimensions
92 x 65 cm / P30
Traces de l'histoire matérielle de l'oeuvre / Inscription sur châssis en crayon
« M Serge Lifar de L'Opera dans le rôle de Prince Albert du Ballet Giselle »
DETAILS AVANT TOUTE INTERVENTION
TESTS DE NETTOYAGE
Pour le deuxième test un tensio-actif non-ionique (Ecosurf 6) comme agent décrassant est combiné avec un système aqueux légèrement augmenté en pH. Ensuite la couche superficielle de salissures a été ôtée.
Ce système de décrassage est facilement à rincer, avec une eau ajustée pH 6, car tous les composants sont solubles dans l'eau.
ALLEGEMENT DU VERNIS
- 10 gr Gel C12 (1gr Carbopol / 14 gr Ethomeen C12 / 40 ml Shelsol D40)
- 1 gr Solution aqueuse F pH 8,5 / EDTA
- 1,2 gr Alcool Benzylique (10%)
- Rinçage au Shelsol D40 avec quelques gouttes d'isopropanol
- 10 gr Gel C12 (1gr Carbopol / 14 gr Ethomeen C12 / 40 ml Shelsol D40)
- 1 gr Solution aqueuse F pH 8,5 / EDTA
- 1 gr Ecosurf EH6 (HLB 10,8)
- 0,6 gr Alcool Benzylique (5%)
RETOUCHES
Les deux portraits (de dimensions égales 92 x 65 cm) après restauration:
à gauche Yvette Chauviré
à droite Serge Lifar
peint par Serge Ivanoff en 1941